« Entre 1976 et 1981, trois cent cinquante heures de film ont été tournées. Durant dix campagnes de tournage, l’écrivain et cinéaste Claude Lanzmann a méthodiquement suivi les traces de l’infamie, relevé les pièces à conviction, identifié les lieux et écouté victimes, criminels et témoins. La vision de ce film est une épreuve, une expérience qui, même indirectement vécue, laisse des traces profondes. En France, d’abord sorti en salles, il fut programmé en 1987 par TF1, en dernière partie de soirée, au moment où se terminait le procès Barbie, en 1993 sur France 2 à 20 h 50, puis sur Arte au début de l’année 1998. Shoah a été diffusé en versions plus ou moins courtes sur les télévisions et dans les cinémas du monde entier, provoquant de grands débats, notamment en Pologne. C’est que Shoah est exceptionnel et radical quant à la représentation de l’horreur subie par les déportés dès leur arrivée dans les camps d’extermination. Refusant toute image de l’époque des faits, le film a succédé comme oeuvre de référence à Nuit et Brouillard d’Alain Resnais (1955), qui assemblait au contraire des archives et des plans tournés par le cinéaste, accompagnés d’un texte du poète Jean Cayrol et d’une musique dramatisante. [...]
« Pour la première fois, nous vivons [l’affreuse expérience] dans notre tête, notre coeur, notre chair. Elle devient la nôtre », écrivait Simone de Beauvoir lors de la sortie du film en 1985. Oeuvre singulière, Shoah emmène le monde des vivants à la rencontre d’êtres qui vivent dans la mort. »
« Pour la première fois, nous vivons [l’affreuse expérience] dans notre tête, notre coeur, notre chair. Elle devient la nôtre », écrivait Simone de Beauvoir lors de la sortie du film en 1985. Oeuvre singulière, Shoah emmène le monde des vivants à la rencontre d’êtres qui vivent dans la mort. »
Michel Doussot, Téléscope, n°183, 31 janvier 1998.
Camps de concentration et d'extermination
(Alain Houot)
Cliquer sur la carte pour la visualiser(Alain Houot)
Partie 1 : La disparition des traces
Simon Srebnik, à treize ans et demi, est contraint de travailler pour les SS après l'extermination de sa famille, il doit chanter des airs polonais et allemands, en allant chercher de la luzerne pour nourrir les lapins de la basse-cour SS, sur la rivière Ner. Tous le connaissent à Chelmno. Srebnik réussit, par chance, à survivre. À quarante-sept ans, il revient, avec le cinéaste, sur les lieux-mêmes de l'extermination.
La fille de Motke Zaïdl explique qu'elle a beaucoup questionné son père mais que ce n'est que lorsque Claude Lanzmann est arrivé qu'elle a entendu l'histoire, enfin, dans sa totalité. Motke Zaïdl et Itzhak Dugin, survivants, témoignent de l'extermination des juifs de Vilna dans la forêt de Ponari. En janvier 1944, on exhume des fosses de Ponari les corps des juifs pour les brûler et faire disparaître les traces du massacre. Itzhak Dugin, contraint de faire ce travail, reconnaît les corps des membres de sa famille, sa mère, ses soeurs et leurs enfants. Les Allemands interdisent de prononcer les mots « morts » ou
« victimes ». Ils imposent d'appeler les corps « Figuren », c'est-à-dire marionnettes, ou « Schmattes », c'est-à-dire chiffons.
A Chelmno, Michaël Podchlebnik reconnaît sa femme et ses enfants parmi les victimes d'un camion à gaz. Il pleure en déchargeant un camion à gaz où il a découvert les corps de sa femme et de ses enfants. Il demande à être tué. Les Allemands lui disent qu'il a encore la force de travailler et qu'on ne le tuera pas maintenant. Pendant l'hiver 1942, on ne brûle pas encore les cadavres. On les enterre.
A Chelmno, Michaël Podchlebnik reconnaît sa femme et ses enfants parmi les victimes d'un camion à gaz. Il pleure en déchargeant un camion à gaz où il a découvert les corps de sa femme et de ses enfants. Il demande à être tué. Les Allemands lui disent qu'il a encore la force de travailler et qu'on ne le tuera pas maintenant. Pendant l'hiver 1942, on ne brûle pas encore les cadavres. On les enterre.
Richard Glazar se souvient des flammes fantastiques des bûchers de Treblinka, en novembre 1942, quand les Allemands ont décidé que les morts ne seront plus enterrés mais brûlés. Un chanteur d'opéra, Salve, psalmodie un chant : « Mon Dieu, pourquoi nous as-Tu abandonnés ? »
À Ponari, début 1944, les bûchers brûlent sept ou huit jours. Motke Zaïdl et ltzhak Dugin témoignent. À Chelmno, toute trace doit également disparâitre. Une habitante d'Auschwitz décrit la communauté juive de la ville et les débuts de sa persécution.
À Ponari, début 1944, les bûchers brûlent sept ou huit jours. Motke Zaïdl et ltzhak Dugin témoignent. À Chelmno, toute trace doit également disparâitre. Une habitante d'Auschwitz décrit la communauté juive de la ville et les débuts de sa persécution.
Treblinka, Chelmno, Auschwitz
Partie 2 : Les convois et l'arrivée aux camps
Franz Suchomel et Filip Müller
Partie 3 : Les chambres à gaz de Treblinka et d'Auschwitz
Le SS Franz Suchomel raconte son arrivée en août 1942 dans le camp de Treblinka qui tourne à plein régime, décrit le cloaque, l'enfer de Treblinka puis explique avec précision le processus de la mise à mort.
Filip Müller, membre du « commando spécial », rend compte de sa découverte, en mai 1942, du crématoire et de la chambre à gaz du camp originel Auschwitz I et des fosses de Birkenau, du travail horrible qu'il lui est assigné.
Filip Müller, membre du « commando spécial », rend compte de sa découverte, en mai 1942, du crématoire et de la chambre à gaz du camp originel Auschwitz I et des fosses de Birkenau, du travail horrible qu'il lui est assigné.
Franz Suchomel et Filip Müller
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