mardi 26 mai 2009

Shoah (Claude Lanzmann)

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« Entre 1976 et 1981, trois cent cinquante heures de film ont été tournées. Durant dix campagnes de tournage, l’écrivain et cinéaste Claude Lanzmann a méthodiquement suivi les traces de l’infamie, relevé les pièces à conviction, identifié les lieux et écouté victimes, criminels et témoins. La vision de ce film est une épreuve, une expérience qui, même indirectement vécue, laisse des traces profondes. En France, d’abord sorti en salles, il fut programmé en 1987 par TF1, en dernière partie de soirée, au moment où se terminait le procès Barbie, en 1993 sur France 2 à 20 h 50, puis sur Arte au début de l’année 1998. Shoah a été diffusé en versions plus ou moins courtes sur les télévisions et dans les cinémas du monde entier, provoquant de grands débats, notamment en Pologne. C’est que Shoah est exceptionnel et radical quant à la représentation de l’horreur subie par les déportés dès leur arrivée dans les camps d’extermination. Refusant toute image de l’époque des faits, le film a succédé comme oeuvre de référence à Nuit et Brouillard d’Alain Resnais (1955), qui assemblait au contraire des archives et des plans tournés par le cinéaste, accompagnés d’un texte du poète Jean Cayrol et d’une musique dramatisante. [...]
« Pour la première fois, nous vivons [l’affreuse expérience] dans notre tête, notre coeur, notre chair. Elle devient la nôtre », écrivait Simone de Beauvoir lors de la sortie du film en 1985. Oeuvre singulière, Shoah emmène le monde des vivants à la rencontre d’êtres qui vivent dans la mort. »
Michel Doussot, Téléscope, n°183, 31 janvier 1998.



Camps de concentration et d'extermination
(Alain Houot)

Cliquer sur la carte pour la visualiser

Partie 1 : La disparition des traces


Simon Srebnik, à treize ans et demi, est contraint de travailler pour les SS après l'extermination de sa famille, il doit chanter des airs polonais et allemands, en allant chercher de la luzerne pour nourrir les lapins de la basse-cour SS, sur la rivière Ner. Tous le connaissent à Chelmno. Srebnik réussit, par chance, à survivre. À quarante-sept ans, il revient, avec le cinéaste, sur les lieux-mêmes de l'extermination.


La fille de Motke Zaïdl explique qu'elle a beaucoup questionné son père mais que ce n'est que lorsque Claude Lanzmann est arrivé qu'elle a entendu l'histoire, enfin, dans sa totalité. Motke Zaïdl et Itzhak Dugin, survivants, témoignent de l'extermination
des juifs de Vilna dans la forêt de Ponari. En janvier 1944, on exhume des fosses de Ponari les corps des juifs pour les brûler et faire disparaître les traces du massacre. Itzhak Dugin, contraint de faire ce travail, reconnaît les corps des membres de sa famille, sa mère, ses soeurs et leurs enfants. Les Allemands interdisent de prononcer les mots « morts » ou
« victimes ». Ils imposent d'appeler les corps « Figuren », c'est-à-dire marionnettes, ou « Schmattes », c'est-à-dire chiffons.

A Chelmno, Michaël Podchlebnik reconnaît sa femme et ses enfants parmi les victimes d'un camion à gaz. Il pleure en déchargeant un camion à gaz où il a découvert les corps de sa femme et de ses enfants. Il demande à être tué. Les Allemands lui disent qu'il a encore la force de travailler et qu'on ne le tuera pas maintenant. Pendant l'hiver 1942, on ne brûle pas encore les cadavres. On les enterre.



Richard Glazar se souvient des flammes fantastiques des bûchers de Treblinka, en novembre 1942, quand les Allemands ont décidé que les morts ne seront plus enterrés mais brûlés. Un chanteur d'opéra, Salve, psalmodie un chant : « Mon Dieu, pourquoi nous as-Tu abandonnés ? »

À Ponari, début 1944, les bûchers brûlent sept ou huit jours. Motke Zaïdl et ltzhak Dugin témoignent. À Chelmno, toute trace doit également disparâitre. Une habitante d'Auschwitz décrit la communauté juive de la ville et les débuts de sa persécution.


Treblinka, Chelmno, Auschwitz

Partie 2 : Les convois et l'arrivée aux camps












Partie 3 : Les chambres à gaz de Treblinka et d'Auschwitz

Le SS Franz Suchomel raconte son arrivée en août 1942 dans le camp de Treblinka qui tourne à plein régime, décrit le cloaque, l'enfer de Treblinka puis explique avec précision le processus de la mise à mort.
Filip Müller, membre du « commando spécial », rend compte de sa découverte, en mai 1942, du crématoire et de la chambre à gaz du camp originel Auschwitz I et des fosses de Birkenau, du travail horrible qu'il lui est assigné.



Franz Suchomel et Filip Müller


samedi 23 mai 2009

Voyage Somme-Artois (20-22 mars 2009)

1er jour : Péronne et Rancourt (Somme)


Visite de l'Historial de la Grande Guerre


Puis visite de la nécropole française de Rancourt au nord de Péronne

photo de la chapelle de rancourt

La chapelle du Souvenir français est un haut-lieu du souvenir de la participation française à la bataille de la Somme. Située au bord de la N17, menant de Péronne à Bapaume, la nécropole de 28.110 m², est la plus vaste nécropole française de la Somme : édifiée en 1921, elle contient 8.563 corps dont 3.240 en ossuaires. On y trouve également les tombes de trois victimes civiles et d'un soldat français tué au cours de la Seconde Guerre mondiale.


En 1921, ont été regroupées, ici, les tombes provenant de cimetières militaires situés à Combles, Cléry et Curlu. De 1945 à 1973, y étaient également inhumés les restes de soldats découverts sur l'ancien champ de bataille. Enfin, en 1980, d'autres tombes ont été rassemblées ici. Il s'agissait de celles qui étaient isolées ou provenant de carrés militaires communaux comme ceux de Flixecourt, Bus-la-Mesière, ...


2e jour : Visite de l'Artois (Pas-de-Calais)


Batailles de l'Artois, les oubliées de la Première Guerre mondiale


On a tendance à oublier les batailles de l'Artois. Peut-être parce que Verdun et la Somme en 1916 restent les deux plus grandes batailles de la IGM. Peut-être parce que ce sont les armées britanniques qui, en 1917, ont en majorité repoussé les Allemands. Pourtant aujourd'hui dans l'Artois, tout rappelle que s'est ici déroulé un conflit extrêmement violent et meurtrier (combats au corps à corps) où chaque mètre comptait.


Les Allemands passent à Arras le 31 août, la ville est occupée et pillée pendant deux jours, les 6 et 7 septembre. Mais le plan des envahisseurs épargne le Pas de Calais et le gros des troupes passe à l'est d'Arras.

La première « bataille de l'Artois » a lieu de 1er au 26 octobre 1914, entre Arras et Lens. Les Allemands pilonnent Arras qui est détruite à plus de 70 %. Après la chute de Lens, le 4 octobre, le front se stabilise avec l'arrivée des renforts belges et britanniques. Les deux armées épuisées commencent alors à s'enterrer dans les tranchées, face à face, le long d'une première ligne de front, tout au long de l'hiver 1914 -1915, très rigoureux, dans la boue, le froid et la neige et l'horreur quotidienne. Des assauts continuels coûtent des milliers de victimes. En décembre 1914, le front devient calme pendant plusieurs mois.

Le généralissime Joffre décide en 1915 une vaste offensive (sur 17 km, de Vermelles au nord d'Arras) afin de percer le front. Le général Foch est chargé de la superviser. C'est la deuxième « bataille de l'Artois ». Le bombardement visant à démolir les positions ennemies débute à 6 h. le 9 mai 1915. A 10h, l'assaut à la baïonnette et à la grenade démarre. Il faut un mois et demi de combats acharnés pour s'emparer d'une partie seulement du périmètre fortifié allemand. Les Français emploient mal leur artillerie qui manque de canons lourds et leur infanterie est massacrée par les mitrailleuses et les obus. Durant des semaines, la bataille s'éternise en une multitude de combats acharnés.

La résistance allemande étant trop forte, le général Foch arrête l'offensive le 24 juin. Du 9 mai au 24 juin, pour conquérir 20 km², les Français ont perdu 102 500 hommes tués, blessés, disparus dont 609 officiers. Les trois cimetières militaires de Neuville-Saint-Vaast, que nous allons visiter, témoignent de cette véritable « boucherie ».

Le 12 septembre 1915, Joffre relance les opérations, les Français soutenus par les Britanniques passent à l'attaque après une préparation d'artillerie de 5 jours. Le 12 octobre, la troisième « bataille de l'Artois » est stoppée : le front n'est pas percé malgré de très lourdes pertes. Début novembre, les combattants survivants sont épuisés. Les pluies noient tout. La boue envahit le terrain et paralyse tous les mouvements. En mars 1916, les Britanniques relèvent les Français. L'année 1916, date des offensives allemande à Verdun et franco-britannique dans la Somme oublie momentanément l'Artois. Mais l'horreur recommence en 1917.

En avril 1917 commence la troisième et dernière « bataille d'Artois » ; cette fois, les Canadiens prennent Vimy, le 9 avril. La bataille fait plus de 11 000 morts dont plus de 3000 Canadiens. Sur le lieu de la bataille se dresse le Monument commémoratif du Canada que nous irons visiter. Les Allemands évacuent Lens. Mais rien de décisif n'a été obtenu.

L'offensive allemande de la dernière chance éclate le 20 mars 1918 entre Arras et l'Oise : les Anglais reculent. La grande offensive alliée se déclenche le 21 juillet provoquant la retraite allemande. Le 16 octobre 1918, tout le territoire du Pas-de-Calais est enfin libéré. N'oublions pas que tous les sites que nous allons visiter racontent des histoires d'hommes, signifiant le sacrifice de milliers de jeunes hommes qui ont connu une mort atroce dans des combats féroces, dans le froid, la pluie, la boue, la peur.


Neuville-Saint-Vaast (Pas-de-Calais)


Neuville-Saint-Vaast, village d'environ 1500 habitants entre Arras et Lens, offre un éclairage très riche sur le conflit dans l'Artois. Le village occupé et fortifié par les Allemands est libéré après la terrible deuxième « bataille de l'Artois » (mai-juin 1915) complètement détruit après des combats acharnés. Trois cimetières militaires, ceux de la Targette (le cimetière français et le cimetière britannique) et le cimetière de la Maison Blanche témoignent des horreurs des terribles batailles de l'Artois.

La Targette




Ce cimetière qui s'étend sur 44 525 m² comprend 12 210 corps dont 11 443 Français de la guerre 1914-1918 dont 3 882 en deux ossuaires. Il comprend également au titre de la guerre 1939-1945, 593 Français, 4 Polonais, 170 Belges dont 169 en ossuaire. Il a été créé en 1919 et aménagé les années suivantes. En 1956 y furent regroupés les corps de militaires et de Résistants de la Deuxième Guerre mondiale dans le Pas-de-Calais.


La Targette British Cemetery


Le cimetière britannique qui se remarque de par ses deux élégants mausolées indiens, a été ouvert à la fin du mois d'avril 1917 et utilisé par les ambulances de campagne et les unités combattantes jusque septembre 1918. Après l'Armistice, 16 tombes y ont été regroupées. Au total, 641 soldats y reposent, dont 334 britanniques, 298 canadiens, et 3 britanniques tombés en 1939-1945. Le 21e bataillon d'infanterie canadien a érigé dans ce cimetière un mémorial à ses hommes tombés en avril 1917.


Le cimetière militaire allemand de la Maison Blanche



44 830 soldats reposent dans ce cimetière d'une superficie de 7 ha, créé par les autorités militaires françaises de 1919 à 1923, comme cimetière collectif pour les morts allemands de la région située au Nord et à l'Est d'Arras, soit les soldats allemands inhumés jusque-là dans des tombes de campagne ou des petits cimetières militaires provisoires dans plus de 110 communes du Pas-de-Calais.


Le cimetière de la Maison Blanche représente le plus grand aménagement allemand de la Première Guerre mondiale sur le sol français. Ceux qui reposent aujourd'hui dans ce cimetière sont morts au cours des violents combats en Artois, et sur les hauteurs de Lorette d'août 1914 à fin 1915, autour de la colline de Vimy à Pâques 1917 et à l'automne 1918, ainsi que dans la continuelle guerre de tranchées entre les grandes offensives.

36 793 soldats reposent dans des tombes individualisées, dont 36 178 nominatives, et 8 040 en ossuaires. Du centre de la nécropole marqué par une grande croix noire partent des allées bordées d'acacias. Sur chaque croix noire en fer figure l'identification de 4 soldats. Cent vingt neuf sépultures juives sont marquées par des stèles en pierre.


Le Flambeau de la Paix




Le Flambeau de la Paix, monument érigé en 1930 et inauguré le 2 octobre 1932, est le symbole du village qui a été meurtri et complètement détruit durant la guerre de 1914-1918.


La base du monument est constitué de moellons de calcaire provenant des maisons de la commune détruites durant la guerre. Une main jaillit des ruines du village tient un flambeau allumé. On peut voir une plaque d'identité militaire sur laquelle est gravée « Neuville-Saint-Vaast, 9 mai 1915 », date de l'attaque française qui déboucha dans le village.

Texte de la dédicace :

« Ô vivants qui passez près de ce flambeau,

Qui dresse son symbole aux champs des hécatombes,

Attardez vos regards sur ce sol plein de tombes

Et soyez à nos morts dont le cœur était beau »


Autrefois, le monument était précédé d'une arche de béton monumentale qui marquait l'entrée de la Cité des Mutilés construite dans le cadre de la loi Loucheur en 1928. Le foyer des mutilés hébergeait les familles venues se recueillir sur les tombes de leurs proches, ainsi que les invalides de guerre employés à l'entretien des cimetières. La Cité longe la rue du 11 novembre où 52 arbres (à l'époque des érables, aujourd'hui des sorbiers) rappellent le souvenir des 52 enfants du village tombés au champ d'honneur.

Jusqu'en mai 1915, les premières lignes françaises furent distantes de 2,5 km de la lisière ouest de Neuville-Saint-Vaast et de 1,5 km de la lisière sud. Le 9 mai, les régiments français sont chargés d'emporter le village, entièrement fortifié, « vrai paquet de mitrailleuses et de lance-bombes », écrit un officier qui participe à l'attaque.

Le 9 mai, à dix heures du matin, ils partent à l'assaut. Une heure et demie après, ils ont atteint les lisières ouest et sud, ayant enlevé quatre lignes de tranchées, le village de La Targette et plusieurs ouvrages de défense isolés. Mais la résistance de l'ennemi redouble à mesure que les maisons de Neuville sont abordées.

Devant chacune d'elles, des combats acharnés se livrent. Seule, au cours de l'après-midi, la partie sud du village jusqu'à l'église peut être emportée. A l'est, le cimetière est également atteint et de furieux corps à corps s'engagent sur les tombes bouleversées. Deux fois le cimetière est pris, deux fois il est reperdu. Les Allemands réussissent finalement à s'y maintenir.

Les jours suivants, la lutte se poursuit aussi âpre. Aucun village du secteur n'a été organisé aussi fortement que Neuville-Saint-Vaast. Les caves de chaque maison sont revêtues d'une couche de béton d'au moins un mètre d'épaisseur et au-dessous sont creusés des abris à l'épreuve des gros obus où les Allemands se terrent pendant les bombardements. Les caves communiquent entre elles, ce qui permet d'aller et venir d'un bout à l'autre du village sans danger ; au ras du sol enfin, sont percés des créneaux de tir et, à chaque carrefour, des abris bétonnés flanquent les maisons ; ils renferment des mitrailleurs retenus parfois prisonniers à côté de leurs pièces par des grillages fermés à clef.

Le 15 mai, après cinq jours de combats ininterrompus, les Allemands sont chassés de la masse principale de Neuville. Ils restent toutefois solidement retranchés dans toute la partie nord et dans quelques groupes de maisons de la partie ouest du village. Ils s'y accrochent désespérément. L'artillerie doit pulvériser chaque maison. Jusqu'au 9 juin, le communiqué français mentionnera journellement le nom de Neuville-Saint-Vaast, relatant d'une phrase laconique les furieuses attaques livrées pour enlever, un par un, les derniers centres de résistance.

Neuville a reconstruit ses maisons, une par une. Si on prête attention, beaucoup de maisons portent une date située entre 1920 et 1930.


Le Parc Mémorial Canadien de Vimy



Ce monument (sculpture monumentale du sculpteur canadien Seymour Allward, construction commencée en 1925, achevée en 1936, inauguration le 26 juillet 1936 par le roi Édouard VIII) représente l'hommage le plus impressionnant que le Canada a rendu à ceux de ses citoyens qui ont combattu et donné leur vie au cours de la Première Guerre mondiale. Le Mémorial a été élevé à la mémoire des 66 000 jeunes Canadiens ayant laissé leur vie ici et en France et commémore la bataille du 9 avril 1917. Sur les parois du Monument, sont inscrits les noms de 11 285 soldats canadiens « manquant à l'appel et présumés morts » en France.

Le Mémorial canadien de Vimy est devenu terre canadienne « un don de la nation française au peuple canadien » en 1922, en reconnaissance des sacrifices accomplis par le Canada lors de la Première Guerre mondiale et pour la victoire remportée par les troupes canadiennes lors de la bataille pour la capture de la crête de Vimy en avril 1917.

La conquête de la falaise de Vimy en avril 1917 :

Au printemps 1916, les Britanniques, étendant leur front de tranchées vers la Somme, relèvent les bataillons français dans les secteurs d'Arras.


Après les enseignements de Verdun et de la Somme, la méthode d'attaque s'est précisée les moyens matériels, surtout, en artillerie, se sont considérablement accrus.

La falaise de Vimy, dont fait partie la Cote 119, va enfin être emportée.

L'honneur de la conquête revient à la 1ere Armée britannique (Horne), et plus encore au corps Canadien (Byng).

Le bombardement britannique, par rafales extrêmement violentes, bouleverse les défenses allemandes dont les réseaux de barbelés atteignent 100 mètres d'épaisseur.

Pour la première fois, l'armée britannique utilise le tir indirect de centaines de mitrailleuses qui, groupées par, batteries, font pleuvoir par-dessus les lignes une véritable pluie de balles. Avec le bombardement ce tir interdit tout ravitaillement à l'ennemi.

Enfin, dès les premières heures du 9 avril, un tourbillon de feu et de mitraille s'abat sur les lignes ennemies et leurs batteries. Le nombre des canons britanniques est formidable : leurs roues se toucheraient sur toute la longueur de la ligne de bataille si on les avait placés les uns à côté des autres. Le 10 avril, le point dominant de la crête de Vimy est arraché à la défense allemande, la côte 145.

La victoire est rapide mais coûteuse en vies humaines : 10.602 victimes dont 3598 Canadiens...

Toute la falaise est aux Canadiens dont le butin est considérable 5000 prisonniers, une centaine d'officiers, 50 canons, 125 mitrailleuses et une quantité d'engins de toutes sortes.

Cette victoire va constituer un point tournant pour les forces alliées, et au Canada, créer un sentiment d'unité dans un pays encore jeune...


Les mémoriaux des Polonais et Tchécoslovaques

engagés dans la légion étrangère


C'est également à la Targette que se trouvent entre Neuville et Souchez les mémoriaux des Polonais et Tchécoslovaques engagés dans la légion étrangère.


Monument à la mémoire des volontaires polonais de la Grande Guerre


La croix des volontaires polonais rend hommage à ceux qui sont « tombés pour la résurrection de la Pologne et la victoire de la France ». Ce monument commémore le sacrifice des volontaires polonais engagés en mai 1915 aux côtés des troupes françaises dans les combats du secteur de Souchez, Carency, Neuville-Saint-Vaast. Il est érigé en décembre 1929 grâce aux dons des Polonais du Pas-de-Calais. Le monument est inauguré le 21 mai 1933 par l'ambassadeur de Pologne. Détruit en 1940 par les Allemands, il est reconstruit après la Deuxième Guerre mondiale.


« ZA NASZA WOLNOSC I WASZA » (pour notre liberté et la vôtre)


Côté droit : « A la mémoire des volontaires polonais qui le 9 mai 1915 se sont portés à l'assaut de la côte 140 et sont tombés pour la résurrection de la Pologne et la victoire de la France »

Au printemps 1915, les volontaires polonais (environ 2000 émigrés polonais) montent au front. Leurs unités du 1er régiment étranger sont engagées en Champagne, Picardie puis en Artois. La Légion est jetée dans l'offensive d'Artois le 9 mai 1915, qui se prolonge jusqu'en juin. Lors de la bataille d'Arras, dans le cadre de l'attaque menée par la Division marocaine, le 1er régiment étranger lutte dans le secteur de Neuville-Saint-Vaast. Le 9 mai, la compagnie polonaise dirigée par le colonel Pain, gagne trois lignes de tranchées mais est décimée.

Par le décret du 5 juillet 1917, la France reconnaît la création d'une armée polonaise autonome, aux ordres du commandement français, mais combattant sous le drapeau national polonais.


Mémorial de la compagnie Nazdar et cimetière tchécoslovaque


Le cimetière tchécoslovaque et son mémorial saluent les « volontaires tchécoslovaques » qui « ont combattu pour leur patrie et pour la France ». Ils ont choisi de mourir pour la liberté.


Le monument, inauguré en mai 1925, est situé à l'entrée du cimetière tchécoslovaque dans lequel reposent 206 soldats (70 soldats de la Grande Guerre, et 136 soldats de la Deuxième Guerre Mondiale dont 29 aviateurs).

En mai 1915, les membres du Sokol de Paris et de l'association socialiste parisienne Rovnost, participent à l'attaque menée par la Xe armée française (2ème bataille d'Artois), les pertes sont de l'ordre de 80%.

Celui qui a marqué le plus profondément la mémoire des compatriotes et des citoyens tchèques est le légendaire porte-drapeau de la « Compagnie Nazdar », le soldat Karel Bezdicek qui tombe frappé d'une balle dans la tranchée allemande, le corps enveloppé du drapeau tchèque. Il symbolise dès cette époque le premier soldat tchèque libre, porteur du drapeau frappé du lion tchèque.


Ablain-Saint-Nazaire




Le village posé au pied de la colline de Lorette est aux premières loges de la deuxième bataille de l'Artois entre mai et juin 1915.

Occupé dès octobre 1914 par les troupes allemandes, le village est entièrement fortifié par les Allemands. Chaque groupe de maisons forme un centre de résistance tenu par une forte garnison et défendu par de nombreuses mitrailleuses. Ablain est reconquis définitivement le 29 mai 1915 (bataille engagée le 12 mai). Le village a subit une destruction totale ...

Le village possédait une très intéressante église. Elevée au début du XVIe siècle construite dans le style gothique du XVe siècle. En Octobre 1914, le front se stabilise à 2 km de là, vers l' Ouest. Les bombardements incessants mettent à bas l'édifice qui est réduit à l'état de ruines. Faute de moyens, après guerre, les monuments historiques se contentent d'une consolidation. L'église en ruines se trouve à l'entrée Est du Village, elle est communément appelée "Vieille-Église" par les gens du lieu. Elle témoigne de la violence des combats.


Nécropole de Notre Dame de Lorette

La colline de Notre-Dame-de Lorette est la plus grande nécropole française. Le cimetière national a été aménagé de 1920 à 1925 par le regroupement des corps exhumés en Artois et Flandre. La tour lanterne et la chapelle furent inaugurés en 1915. La nécropole conserve les corps et la mémoire de plus de 40 000 soldats.

Cette colline (161 m), à quinze kilomètres d'Arras et dominant la plaine de Lens-Liévin et le bassin minier, subit quatre années d'offensives perpétuelles. Successivement reprise puis perdue par les Français, ce lieu de pèlerinage fut surtout atteint au cours de l'année 1915 à partir du 25 septembre. En un an, de septembre 1914 à octobre 1915, la bataille fera autour de Lorette 280 000 victimes de chaque côté. Le général de Maistre dira de Lorette « C'est un lieu que l'on ne peut parcourir qu'à genoux ».

Aujourd'hui, Lorette perpétue le souvenir des « boueux de l'Artois » : sur 13 hectares, 20 000 tombes dont celles du Général Barbot et des soldats musulmans de la France, et 8 ossuaires abritant les corps de 22 000 inconnus.


3e jour : Visite aux alentours d'Albert


La Somme (juillet-novembre 1916)


Ce ne devait pas être un front majeur. Toutes les forces avaient été envoyées sur la Lorraine et l'est de la France. Mais les difficultés rencontrées par les Alliés pour repousser les Allemands conduisent rapidement les Britanniques et les Français à proposer dans la Somme d'ouvrir un autre front pour faire diversion. Pour les Alliés, cela ne doit être qu'une rapide formalité ...

Après les combats menés en 1914 et 1915, l'offensive de la Somme se prépare pour le 1er juillet.

Cette bataille va devenir la plus meurtrière de la Première Guerre mondiale et s'étendre quasiment jusqu'à la fin de la guerre.

Le 14 février 1916, le général Joffre et le général Haig décident pour le 1er juillet une grande offensive sur la Somme. Une fois la percée effectuée, on l'exploitera, on l'élargira. L'objectif à plus long terme est de reprendre les territoires du Nord occupés par les Allemands.

Mais le 21 février 1916, l'ennemi lance sur Verdun une attaque d'une intensité totalement imprévue qui va complètement contrecarrer les intentions de Joffre. Il maintient l'offensive sur la Somme, où il ne s'agira plus de « percée » mais d'« usure ». Vu la « consommation » de Verdun, on n'engage, côté français, que 22 divisions au lieu des 42 prévues, sur 12 km au lieu de 45, et l'effort principal sera fourni par les Britanniques.

L'offensive du 1er juillet est précédée par une intense préparation d'artillerie. Pendant une semaine, 1,6 million d'obus tombent sur les lignes allemandes. Quelques minutes avant l'assaut, les sapeurs britanniques font sauter deux mines énormes sous les lignes allemandes.

Les Alliés sont persuadés d'avoir liquidé toute résistance du côté ennemi. C'est au point que le général en chef britannique, Sir Henry Rawlinson, soucieux d'épargner à ses hommes une fatigue inutile, leur recommande de monter à l'attaque en ordre de parade et non pas en courant !

Dans les faits, les Allemands, endurcis par deux années éprouvantes, ont résisté aux bombardements et attendent l'assaut de pied ferme. La plupart des soldats anglais sont quant à eux des engagés volontaires qui n'ont aucune expérience du feu. Dès les premières minutes, ils succombent en grand nombre dans les barbelés qui séparent les ennemis.

La bataille de la Somme est pendant quatre mois et demi une formidable guerre d'usure et de matériel (les tanks sont utilisés pour la première fois), très meurtrière, dans une boue épouvantable. Elle se solde en novembre 1916 par une courte progression (12 km environ pour les Anglais, 5 à 8 km pour les Français) au prix de pertes effroyables. Dans la seule journée du 1er juillet 1916, sur 100 000 hommes engagés, les Anglais en perdent 60 000, dont 20 000 morts, sur un front de 10 km. C'est un record mondial. Au total, 400 000 Britanniques tués et blessés Les Français ont perdu en quatre mois 136 000 hommes (à savoir environ 500 morts et 500 blessés par jour), contre 179 000 à Verdun. 450 000 Allemands ont péri dans la bataille de la Somme...

À comparer aux 750.000 victimes de Verdun. Et pourtant, dans notre mémoire, la Somme est relativement absente.


Visite :


Le Lochnagar Crater a été acheté par un anglais (Richard Dunning), désireux que le souvenir de la Grande Guerre se perpétue en ces lieux. Chaque 1er juillet, chaque année, à la même heure (7h30, heure de la mise à feu d'explosifs en ces lieux le matin du 1 juillet 1916), une cérémonie est célébrée.


Thiepval est une commune française située au Nord d'Albert dans la Somme. Le village s'étend sur 4,4 km2, et compte quelques 98 habitants.

Thiepval est bien connu pour son imposant mémorial franco-britannique, sur lequel sont gravés les noms des 73 367 disparus britanniques et sud-africains, mais également pour sa fameuse tour d'Ulster (également appelée tour Helen) à l'architecture si particulière.




Sur les grands murs blancs du mémorial de Thiepval sont gravés les noms de 73 367 soldats britanniques et sud-africains tués pendant la bataille de la Somme qui n'ont pas de sépulture connue.

Le mémorial franco-britannique de Thiepval conçu en 1923 par l'architecte anglais Edwin Lutyens et construit en 1928 est visible à des dizaines de kilomètres à la ronde. Et pour cause, ses dimensions sont extra-ordinaires ! À titre d'exemple, l'arc du souvenir, partie caractéristique de l'ouvrage, mesure plus de 45 mètres, et repose sur seize piliers...


Mémorial terre-neuvien de Beaumont-Hamel


Bronze Caribou

Des cinq monuments commémoratifs érigés en France et en Belgique en hommage aux exploits du 1er Bataillon du Newfoundland Regiment, le plus imposant est le site de trente hectares à Beaumont-Hamel, à neuf kilomètres au nord de la ville d'Albert. Ce site commémore tous les Terre-Neuviens qui ont pris part à la Première Guerre mondiale, particulièrement ceux n'ayant pas de tombe connue. Le site a été officiellement inauguré par le feld-maréchal Earl Haig le 7 juin 1925.


L'affaire Youkos

L'arrestation du PDG de la compagnie pétrolière russe Youkos Mikhail Khodorkovsky a marqué un tournant important dans l'histoire de la Russie contemporaine. Incarcéré le 25 octobre 2003, il a été condamné à l'issue d'un procès inquisitorial à huit ans de camp de travail, pour escroquerie et fraude fiscale.

La responsabilité du démantèlement de l'ancienne compagnie d'hydrocarbures en revient au président Vladimir Poutine, qui a mené une guerre contre le principal actionnaire de la compagnie Mikhaïl Khodorkovski, homme d'affaires manifestant des ambitions politiques, connu pour ses convictions libérales et pour le soutien financier qu'il a apporté aux partis d'opposition lors des dernières élections. Le Kremlin voulait rétablir le contrôle de l'Etat sur de précieux actifs pétroliers et laissait même entendre que Khodorkovsky avait été condamné « pour l'exemple » afin de mettre au pas tous les oligarques qui auraient pris trop de liberté à l'époque de Boris Eltsine.

Une enquête d'Arte sur le dépeçage de la compagnie pétrolière Russe Youkos :


En mars 2009, on annonce un nouveau procès pour Khodorkovsky à Moscou. Les politologues russes restent sceptiques quant à une issue même relativement favorable pour l'accusé car sa réhabilitation remettrait en cause Vladimir Poutine et ceux qui ont matériellement profité du démantèlement de Youkos. En avril, Gazprom est en train de solder les comptes de l'affaire Ioukos.